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jeudi 15 avril 2010

Sida au Tchad: Rompre le silence


(Cet article a paru dans l'édition mars-avril de l'Apostolat International http://www.oblats.qc.ca/apostolat/)


Lorsqu’il s’agit d’inverser la tendance du VIH-sida, il est important de vaincre le tabou qui ancre cette pandémie dans un silence dangereux. Toute sensibilisation est un dialogue, et c’est en entrant dans cet échange que nait une conscientisation indispensable au changement.

Dans son objectif de réduire la propagation du VIH-sida au Tchad, le BELACD a mis sur pied un programme de prévention auprès des jeunes et adolescent de Pala et de la région du Mayo Kebbi. Éduquer la jeunesse sur le VIH/sida est à la fois un besoin et un droit. Tel que le stipule l’Article 24 de la Convention relative aux droits de l’enfant, un traité international rédigé sous l’égide de l’ONU en 1989, les 192 états indépendants qui font partie de cet accord, dont le Tchad, doivent reconnaître le droit de l’enfant de « jouir du meilleur état de santé possible. » Ceci implique distinctement le développement adéquat des soins de santé préventifs, de l’éducation et des services en matière de planification familiale. Également reconnu dans cette convention est le droit fondamental à l’éducation dans tous les domaines.

Les problèmes de sexualité et reproduction responsable se posent aujourd’hui avec acuité au sein de la jeunesse tchadienne. Plusieurs facteurs freinent le renforcement de la sensibilisation et l’adoption de comportements à moindres risques : l’insuffisance des connaissances, la propagation de fausses rumeurs, les mythes, la réticence de certains parents d’aborder et discuter des questions liées à la sexualité avec leurs enfants, et le tabou qui entoure ce sujet. En outre la survivance de certaines traditions et pratiques socioculturelles continue d’hypothéquer la santé et le bien-être des populations et singulièrement ceux des femmes et des jeunes filles. Ainsi, les statiques nous révèlent que plus de la moitié des nouvelles infections dues au VIH dans le monde touchent les jeunes, qui au Tchad constituent un poids démographique important, soit plus de 60% de la population.

Le programme de l’Éducation à la vie et à l’amour (EVA) est un élément essentiel du projet au Tchad, lequel serait anodin sans cet aspect de prévention qui a été conçu afin de sensibiliser, responsabiliser, et éduquer la population. Étant ainsi un élément clé de ce projet de prévention et suivi médico-social du VIH-sida, le CEDIAM (Centre EVA d’information et d’accompagnement des malades) logera dans le Centre Greth Marty. Procurant une viabilité et continuité aux efforts du projet, le programme EVA a pour objectifs de permettre aux jeunes de Pala d’acquérir des connaissances sur la santé sexuelle et reproductive.

EVA est centré sur la personne, qui se caractérise pas trois éléments fonctionnant ensemble: le corps, la tête, et le cœur. Ainsi, EVA a pour objets d’apprendre à se comporter comme des personnes qui usent de leur intelligence, leur capacité de décider, de leurs cinq sens physiques, de l’écoute aux besoins et limites de leur corps, de leurs sentiments et affections, etc. Dans le cadre du programme, l’éducation évoque l’accompagnement de l’individu dans sa croissance jusqu’à l’épanouissement. Aimer commence avec soi, et vivre comprend trois réalités : être libre, être responsable, et être heureux.

Jusqu’à présent, 70 enseignants, près de 40 leaders de communautés et agents de santé, ainsi que plus de 100 leaders de la jeunesse ont été formés au programme EVA. D’ici 2012, près de 14,000 jeunes auront reçu la formation EVA par l’entremise de ces porte-paroles récemment formés. Afin d’accroître la responsabilisation et l’engagement des femmes dans la vie de la communauté, des sessions d’information au programme on été conçues et réalisées spécifiquement pour des groupes de jeunes filles. Âgées de 12 à 19 ans, elles ont participé à des séances et discussions sur les thèmes de la psychologie des adolescents, la puberté, les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH-sida, la planification familiale, les conséquences d’une grossesse à l’adolescence, l’avortement, la parenté responsable, le statut de l’homme et de la femme, etc.

Afin d’avoir un impact significatif partout au Mayo Kebbi, Radio Terre Nouvelle de Bongor diffusera plusieurs chroniques et discussions sur EVA à travers toute cette région. Ainsi, le maximum de la population cible aura accès aux informations vitales au renforcement d’une sexualité responsable et aux enjeux de la transmission du VIH-sida. Grâce à l’expansion de la visibilité des enjeux et à l’ouverture aux discussions, la population du Mayo Kebbi reconnaitra la valeur du Centre Greth Marty et sera portée à l’utilisation des services qui y sont offerts, tel que le dépistage volontaire, le suivi médical, les consultations prénatales, et la médication préventive de la transmission mère-enfant.

Enfin, il ne s’agit point de sanctionner ou d’interdire, mais plutôt d’informer, de rendre les outils et les connaissances disponibles à la population afin d’accroître la responsabilisation. Pour une approche préventive durable, les tabous doivent être disloqués afin que chaque individu ait le pouvoir de prendre des décisions informées et être conscient des conséquences, qu’elles soient positives ou négatives, de ses choix. C’est à travers cette approche éducative et préventive, une source d’espoir pour les générations futures, que la population tchadienne arrivera à prendre contrôle de l’état de santé de la région et à renverser la tendance du VIH-sida.
Ce projet est réalisé avec l'appui financier du CMO et du gouvernement du Canada agissant par l'entremise de l'Agence canadienne de développement international (ACDI).

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