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mardi 30 décembre 2008

Revolución

Étant au CMO, j'ai la chance de recevoir des nouvelles des quatre coins du monde de première source. Du côté de l'Amérique du Sud, je reçois le GRIFFONNAGE DES ANDES, qui parle des avancées du peuple bolivien.

J'aimerais vous partager le dernier numéro, rédigé par le P. Gilberto Pauwels, OMI. J'en profite pour vous souhaiter encore une fois une TRÈS BONNE ANNÉE 2009!



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UNE REVOLUTION

La fête de Noël a son égal dans les Andes dans la tradition du Pachakuti, une révolution qui rend un autre monde possible. En effet, pour nous, tout le pouvoir va à un nouveau-né, déposé du sein maternel dans la crèche d’une étable. Transposé à l’Altiplano cela signifie : quelque part dans un enclos pour animaux, sous un ciel étoilé, à terre, un enfant enveloppé dans un awayu (une mante pour porter des charges ou un enfant.) Non, ce n’est pas ça Noël ! Pour un émigrant, qui visite son ancienne communauté, il y aura toujours un peu de place dans une petite maison du village, faite d’adobes, sous un toit de paille et de bois de cactus. Mais vu de cette façon, on déplace l’importance de Noël. Dans les villages des Andes, Noël est la fête des enfants. C’est aussi la période où se prépare l’échange des pouvoirs entre les autorités (jilaqata) des communautés (ayllu) qui a lieu au Jour de l’An.

Entre-temps, en Bolivie, le processus de changement trouve son chemin, lentement mais imparable. Le 25 janvier, la nouvelle constitution sera soumise à la population pour approbation. Une partie de l’opposition, qui favorise le «non», essaie de gagner au maximum les appuis de la presse et de l’Église. La stratégie des media est connue : exagérer ou taire la vérité, selon que l’un ou l’autre fait l’affaire pour ou contre. La hiérarchie exige — à juste titre — le droit d’être critique au niveau sociale, mais se laisse trop facilement embarquer par les adversaires du processus de changement. Ce que les évêques disent ou font, devient vite de l’eau au moulin de tous ceux, l’Église elle-même incluse, qui craignent de perdre des privilèges dans la nouvelle Bolivie. La base de l’Église qui n’est pas d’accord avec cette attitude, gronde et appuie la ‘révolution’. En effet, elle est soutenue par tant d’initiatives et de gens qui depuis longtemps se démènent pour la justice, pour la participation et l’égalité, contre l’exclusion et le racisme. «Celui qui était dans l’étable ne retourne plus dans le palais d’Hérode» dit-on.
Pareillement pénible se déroule la ‘révolution’ dans le secteur minier. Dans le courant de l’histoire des Andes, l’exploitation des matières premières a coûté des millions de vies humaines, dues à la silicose et surtout à l’empoisonnement par le mercure. Il y a peu de temps encore, un mineur et une vie d’à peine quarante ans allaient ensemble. Transformer ce «mourir pour produire» en «produire pour vivre» demande des changements fondamentaux au niveau de la redistribution économique, de la préoccupation environnementale et le respect pour les droits socioculturels. L’augmentation des matières premières offrait de grandes opportunités mais elles sont demeurées, en grande partie, inutilisées. Les bénéfices extra ont été écrémés par les multinationales et maintenant que ça va moins bien, on menace avec des fermetures, du chômage et l’abandon des règles environnementales. En tant que CEPA, avec la PIEB (des programmes de recherches au niveau social), nous avons placé, pour 2009, six projets de recherche dans les blocs de départ ; au sujet de la santé publique, une technologie plus respectueuse envers l’environnement ainsi que la justice environnementale. Espérons qu’il nous restera du temps et de l’espace pour mettre les résultats en pratique.
Pour les organisations sociales, la période de fin d’année est bien occupée. Aussi CEPA (Centre pour l’Écologie et Peuples Andins) — qui fêtait son 13e anniversaire le 8 décembre — n’y échappe pas. Beaucoup de programmes et d’actions devaient être finalisés. Le moment était venu pour évaluer et faire des rapports et nous ne voulions pas tarder pour jeter un coup d’oeil dans le futur pour voir ce que 2009 pourrait nous réserver. Nous y avons dédié deux jours. Cette année, nous avons porté surtout notre attention aux dizaines d’organisations, associations, institutions, services publiques et travaux de réseaux dont nous faisons partie ou avec lesquels nous avons des ententes. Nous sommes venus à la constatation que finalement, nous ne faisons ou organisons plus rien tout seul. Même la bibliothèque participe à un réseau socioculturel et environnemental de centres de documentation. Début décembre, nous avons organisé un congrès avec plus de 120 participants, des délégués d’une trentaine d’organisations de jeunesse d’Oruro qui prennent l’environnement à coeur. Ils ont élu leur propre comité. De la même façon est né CORIDUP, une association de dizaines de communautés rurales qui se sentent menacées par l’exploitation minière. D’une façon ininterrompue, avec l’appui de CEPA, ils défendent leurs droits. Maintenir notre propre identité dans tout ça, en tant que CEPA, n’est pas une tâche facile. Y a-t-il un nom pour ça ? Un père nourricier ?Je vous souhaite un temps de Noël qui a des senteurs de Paix par la Justice et une Année 2009 assoiffée d’égalité, de solidarité et d’honnêteté.

Fraternalmente,

Gilberto Pauwels
Oruro – Bolivia.

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